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Ian Andrew Robert Stewart est né le 18 juillet 1938 dans une ferme d’Ecosse. Son père était architecte et la famille avait déjà émigré en Angleterre, à Cheam dans le Surrey, avant la naissance du garçon. Mais comme sa mère était aussi écossaise, le petit est né sur la terre de ces ancêtres, lors d’une visite estivale. C’est donc le seul écossais du groupe original, Brian Jones est gallois d’origine et leurs quatre autres compères anglais, avec peut être une ascendance germanique pour Mick Jagger. On a la réunion des trois royaumes qui a permis aux Britanniques, une fois de plus, de conquérir le monde. Et si Brian, petit taureau nerveux et cyclothymique, avait toutes les caractéristiques du gallois, Stu aura été un écossais typique, discret, fidèle, d’humeur toujours égale et peu dépensier. En prime, c’était un joueur de golf acharné.

Guitariste recherche groupe

Stu est issu de la classe moyenne, comme Jagger, Jones et, dans une bien moindre mesure, Charlie Watts. Au contraire, Bill Wyman et Keith Richards sont issus des classes populaires, pour Bill c’est même un milieu très pauvre. Pourtant, on remarquera que Bill adore Charlie et surtout Brian, alors que Keith n’aime pas Bill, qui le lui rend bien, adore aussi Charlie et a eu une longue et profonde amitié avec Mick. Stu, comme Charlie, semble s’entendre avec tout le monde, mais on doit dire que les rapports entre Stu et Brian seront difficiles jusqu’à la fin. En effet, le sérieux de Stu, qui a été jusqu’au sacrifice en abandonnant son titre officiel de Stone, était pratiquement inconciliable avec le laisser-aller, puis le goût de l’autodestruction de Brian. Cependant, au tout début, la foi et l’enthousiasme de Brian ont fasciné Ian Stewart. De 1965 à 1969, Stu, et l’ensemble du staff et des membres du groupe, auront tout fait pour sauver les Rolling Stones, de la tourmente, de la gloire et de l’opprobe. Brian à force de vouloir tout démolir a fini par se faire jeter. Sa mort n’était que l’épilogue d’une histoire déjà terminée. Vous aurez déjà compris que sans Ian Stewart, les Stones n’auraient certainement ni existé, ni survécu plus d’un an après leur création. Malgré une jeunesse rendue difficile par une déformation du menton, un prognathisme qu’une opération ratée a tenté de corriger à seize ans, Stu est un très bon élève qui manque un peu de confiance. Son côté introverti ne l’empêchait pas d’avoir beaucoup d’amis grâce à sa gentillesse et sa franchise. Suite à sa démobilisation pour raisons de santé en 1956, il a trouvé un travail d’employé de bureau chez ICI (Impérial Chemical Industries) à leur siège londonien. Côté musique, Stu a commencé le piano très tôt entre six et sept ans et a longtemps joué dans des groupes amateurs de Sutton, où il habitait. Il jouait aussi du banjo. Comme tous les jeunes de sa génération, Stu a découvert le rock‘n’roll, avant de revenir au jazz traditionnel ; il est fanatique de Duke Ellington et grand amateur de jazz moderne, ce qui le lie à Charlie Watts très étroitement. Il fait son entrée dans notre histoire au moment où il répond, le premier, à une annonce passée dans le journal Jazz News par Brian en mai 1962. Ce dernier cherche alors à former un groupe de rhythm and Blues. Brian connaît bien le milieu du blues londonien naissant, notamment Alexis Korner, avec lequel il lui arrive de jouer dans le Blues Incorporated. Justement, Mick chante lui aussi occasionnellement avec le Blues Incorporated et les deux hommes se connaissent. Mais les premiers temps, les seuls membres stables des futurs Stones sont Brian et Stu, qui répètent dans des pubs pendant des semaines, avant qu’un semblant de groupe émerge. En juin 1962, Mick rejoint le groupe de Brian et Stu, mais refuse de venir sans ses amis de Dartford, Keith et Dick Taylor (ce dernier partira plus tard pour préparer correctement ses examens !). Les Rolling Stones sont nés. Brian n’appréciait que le blues, Mick et Keith lui font connaître et aimer Chuck Berry, alors même que Brian leur montre les beautés de Jimmy Reed. Le mélange de blues et de rock qui a fait le succès des Stones est arrivé à ce moment et la formule fonctionne encore à l’heure du Licks Tour, quarante ans après. En effet, si on peut dire que les Beatles ont connu la gloire parce qu’ils ont mis une goutte de sang noir dans leur rock’n’roll blanc (du Little Richards dans leurs Everly Brothers), les Stones auront réussi grâce à la goutte de sang créole qu’ils ont glissé dans leur blues noir (du Chuck Berry, influencé par la Nouvelle-Orléans et les blancs). Sur le plan musical, le piano de Stu sert à la foi de liant et d’ornement, d’autant que Stu peut jouer toutes sortes de styles avec un goût très sûr et un sens du rythme stupéfiant. Ceux qui écoutent amoureusement et attentivement les Stones savent que le piano est constamment présent dans leur musique depuis quarante ans, sur scène comme en studio (aujourd’hui Chuck Leavell tient le rôle), enrichissant certes la musique mais aussi paliant souvent les carences des guitaristes à l’ouest (voir Ronnie entre 1989 et 1999). Ainsi, la place de Ian n’a jamais disparu, simplement le sixième Stone est devenu invisible sur les photos officielles à partir d’un certain jour de 1963…

Who the fuck is Ian Stewart ?

Dèjà à cette époque, Stu est un martien. Plus âgé que les autres de cinq ans, il est fou de vélo, il vient d’ailleurs en short en cuir, et sa technique musicale impeccable sert d’assise au groupe. Keith le dit: «Stu jouait en louchant vers la fenêtre, il gardait toujours un œil sur son vélo garé devant la salle et sans jamais manquer une note, et quand arrivait la nuit et que les putes faisaient leur apparition, il sortait une phrase du genre : “je m’enroulerais bien autour de ça”, en les regardant, toujours, sans rater une note».Petit à petit, le groupe prend forme. Bill arrive avec son ampli géant en rab, Mike Avory, futur Kinks, s’en vient et s’en va, enfin Charlie, après maintes supplications, rejoint ce groupe étrange et bigarré, surtout parce que le courant passe très bien avec Stu. Chose inexplicable, les trois aînés et salariés sont inexorablement attiré par la foi et l’aura des trois autres bohémiens, comme des papillons de nuit par une torche. Après quelques engagements minables et mal payés dans des pubs, et quelques passages occasionnels au Marquee, le fantasque Giorgio Gomelsky devient leur manager, sans contrat écrit, et les prend en résidence dans son nouveau club de Richmond tous les dimanche soir. Il était temps, car la situation est devenu quasi insupportable, Mick, Brian et Keith se clochardisent à Edith Grove, tandis que Bill, Charlie et Stu, qui travaillent, ont du mal à assurer la survie du groupe et leurs obligations personnelles. Stu, propriétaire d’un véhicule d’avant guerre, transporte déjà tout son monde. Mais aussi, il les nourrit grâce aux tickets restaurants qu’il récupère chez ICI. Tous les témoignages concordent pour dire que le cœur du groupe battait dans le sordide appartement d’Edith Grove, où habitait le trio de bohémiens, que tour à tour Mme Richards, les fiancées de Brian, des amis et les autres membres du groupe venaient visiter, nourrir, aider. C’était comme le noyau d’une étoile qui battit tout l’hiver 1962/63. Les concerts ont lieu dans des pubs minables, où ils se rendent souvent en bus. Le milieu du jazz traditionnel, dont les premiers groupes de blues tentaient de se détacher, monopolisait les concerts et leur interdisait tout développement. Ce milieu les détestait pour leur anticonformisme, leur talent et leur jeunesse d’esprit. Le mot d’ordre des jazzeux était «les Stones doivent disparaître, sinon c’est nous qui disparaîtrons», et ce fut ce qui arriva, exactement. Les Stones ont réussi et le jazz traditionnel est devenu définitivement une musique de vieux. En janvier 1963, Ian Stewart reçoit des actions de ICI, et les vend immédiatement pour acheter une camionnette. Cet acte sublime, pour un gars ayant une situation à construire, sauve les Stones qui peuvent assurer tous leurs gigs, jusqu’à l’arrivé du succès. Peu après, Giorgio Gomelsky, maintenant producteur indépendant, les prend donc sous son aile. Il les fait sortir du circuit londonien et ouvre la période la plus heureuse de leur existence, celle du succès sans les encombrants oripeaux de la gloire. Pour Ian Stewart comme pour Bill, les débuts sont difficiles parce que plus il y a de concerts, plus il leur est pénible de continuer leurs boulots réguliers. Mais imaginez leur bonheur à tous les six de jouer tous les soirs devant des salles pleines de jeunes admirateurs passionnés par le rhythm and blues. Tout d’un coup le ciel s’est ouvert devant eux et ils avancent enfin vers un avenir radieux. Brian reste le chef aux yeux du public, le porte-parole devant les médias et le patron pour le business.

Vingt-deux années de bons et loyaux services

Sur le plan des enregistrements, après leurs premiers titres aux Curtis Studio le 27 octobre 1962, le groupe enregistre cinq morceaux qui feront date aux IBC studios, le 11 mars 1963. Ian, toujours membre du groupe, joue sur quatre d’entre eux. Quarante et un ans après, ces titres tiennent toujours la route sans aucun problème, grâce à Glyn Johns l’ingénieur du son, leur ami dès le début. Le son est exceptionnel et le jeu de Ian, bien que moins en avant que l’harmonica de Brian ou la voix de Mick, est déjà boogie, classique et très efficace. Jusqu’à ses derniers enregistrement en 1985, il ne variera pas. Brian, qui joue déjà autant d’harmonica que de guitare, est si fier de cet enregistrement qu’il dira jusqu’à sa mort que c’est ce que les Stones ont fait de mieux. Hélas, la bande ne plaît pas aux maisons de disques et autre talent-scouts, et les Stones sont horriblement déçus. Le soufflet retombe. À quoi sert un public de fidèles si personne d’autre ne peut les entendre.

C’est alors qu’entrent en scène Andrew Loog Oldham et Eric Easton, qui vont être séduits par le groupe dès leur première visite à Richmond. Giorgio Gomelsky parti enterrer son père en Suisse, les deux compères en profitent pour signer un contrat en bonne et due forme avec le groupe, leur réputation dans le milieu du show biz étant incontestablement un argument massue. Il semble bien que Brian soit l’auteur de la double trahison qui a consisté à écarter Gomelsky et Ian Stewart dans un même mouvement, puisque ce dernier ne fait plus, à compter de ce premier contrat, partie des Rolling Stones. Mais les quatre autres étaient d’accord et ils ne l’ont jamais nié, il en allait selon eux de la survie du groupe. N’est-ce pas incroyable que ce membre fondateur soit éjecté par la seule signature de Brian ? Mais en vérité, du jour où Oldham et Easton deviennent managers, Brian n’est plus le patron et ce sont eux qui dirige le groupe. L’éjection de Stu du devant de la scène est leur premier acte d’autorité. Brian subit le même sort que Ian bien plus tard, mais son destin tragique montre toute la différence entre l’Ecossais raisonnable et le Gallois fragile.

Le sixième homme

Andrew trouve que Ian a un visage et un look qui ne conviennent pas au groupe. En outre six Stones, c’est trop contre quatre Beatles, et la décision est sans appel. Cependant, pour adoucir la chose, Andrew garde Ian comme road manager, et il fait donc partie contractuellement du groupe. Il peut aussi jouer avec eux en studio. Aussi bizarre que paraisse cet arrangement, il fonctionne parfaitement jusqu’à la mort de Stu et survit au départ de deux guitaristes, au changement de management, de producteur, de maison de disques, et dieu sait quoi encore. Stu a un salaire contractuel au départ quasiment égal à celui des autres et, élément significatif, il partage par exemple aux Etats-Unis en 1964, la chambre d’Andrew (notez que Stu n’était pas rancunier !). Cet arrangement, unique dans le show biz, permet à Stu de diriger la carrière scénique et musicale du groupe, de partager leur démarche musicale, sans ménager ses critiques et de vivre très confortablement loin des insultes dont les autres seront longtemps abreuvés. En plus, en tant que road manager, il peut, pendant vingt ans, choisir les hôtels du groupe, chaque fois bien près d’un terrain de golf pour swinguer à sa façon pendant que les autres récupérent de leurs frasques ou s’abîment la santé. Cela étant, quand ce soir-là – 1er mai 1963 ? – on annonce à Stu qu’il n’est plus un Rolling Stone et que la première séance de photo officielle le lendemain aura lieu sans lui, il fait preuve du courage des vieilles troupes pour ne pas fondre en larmes. Mais on sait depuis Waterloo que les Ecossais meurent debout, et Ian était un type bien au-dessus du commun. Imaginez que depuis deux ans, il supporte Brian, mais aussi Keith et Mick, souvent dépressifs, le travail, la misère et aussi l’opprobe du milieu du jazz qu’il adore. La scène, racontée de manière véridique par James Phelge, est des plus pénibles. Elle a lieu dans le sordide appartement d’Edith Grove, après un concert à Ealing. Avant le retour de Ian, Brian, Mick et Keith se demandent comment le lui dire et comment il va le prendre, mais ils sont sûrs que Andrew a raison, que la tête de Stu ne convient pas et que les Stones continueront sans lui. Brian annonce la mauvaise nouvelle, en l’adoucissant par de bonnes paroles et en lui confirmant son rôle futur, et lui disant qu’il est toujours des leurs, avant de le serrer dans ses bras. C’est dire l’amour de Stu pour ce groupe… Dès le lendemain, il continue sa vie, avec le groupe et non plus dans le groupe. Mais ce qui était vrai dans les paroles de Brian, c’est que Ian est resté toujours un Stone pour les cinq autres, qui seront fidèles à leur parole, ce qui est rare en ce monde. Jamais il n’a quitté les Rolling Stones de l’intérieur, les vrais. De ce jour, il devient un fantôme, mais ceux qui aiment la musique ont tout de suite repéré son nom dès la sortie du premier 33 tours du groupe, un an à peu près après cette scène éprouvante. L’histoire a donné raison à Ian Stewart de s’être effacé, puisque grâce à son travail de l’ombre, et grâce à la confiance dont il jouissait, renforcée par la dette morale que les autres avaient – et ont toujours vis-à-vis de lui –, le groupe a pu avancer à travers les tempêtes nombreuses qu’il a dû affronter, en sachant que l’intendance suivrait et qu’un bon boogie serait toujours possible avec Stu. Car parallèlement à son rôle de road manager, Ian joue la musique qu’il aime avec le groupe et en dehors du groupe, bien que ses escapades aient été rares. Il a fréquenté toutes les grosses pointures du rock anglais des 60’s et joué avec des bluesmen célèbres, tels Howlin’ Wolf et Muddy Waters. Il joue sur la majorité des 33 tours des Stones et sur pas mal de morceaux célèbres comme Time Is On My Side, Brown Sugar ou It's Only Rock'n'Roll (But I Like It) et même (I Can't Get No) Satisfaction, où on l’entend un peu dans la version stéréo.

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