11/07/03 - Olympia - Paris, France

Set List:

Start Me Up
Live With Me
Neighbours
Hand Of Fate
No Expectations
Worried About You
Doo Doo Doo Doo Heartbreaker
It's Only Rock'n Roll
Stray Cat Blues
Dance part 1
Everybody Needs Somebody To love
That's How Strong My Love Is
Going To A Go Go
The Nearness Of You
Before They Make Me Run
Love Train
Respectable
Rip This Joint
Honky Tonk Women
Tumbling Dice
Brown Sugar
Jumpin' Jack Flash

Report:

Moins de 2h de show, pour 22 titres ! Un marathon de rêve. Pour se mettre dans l'ambiance, les premiers spectateurs ont fait la queue depuis 2h00 du matin. C'est le prix à payer pour être devant. Lorsque j'arrive vers 18h30, la foule est massée en rang devant le music-hall parisien, calme, tout comme le service d'ordre. Les scalpers profitent de l'événement pour pratiquer des tarifs exorbitants : 800 euros le ticket ! Les portes ouvrent à 19h, et malheureusement, plus d'un ami restera dehors ce soir, faute de billet… Alors parfois, les yeux brillants, ils nous souhaitent quand même un bon concert. Vérification des tickets et bracelets, l'accès est refusé à un homme qui a détaché son bracelet pour prendre sa douche, dit-il. Il est journaliste et rentrera finalement après avoir discuté avec un responsable anglais ou américain de la billetterie. La fouille est minutieuse. Palpation, détecteur de métal, tout appareil photo est placé en consigne. Le merchandising s'en donne à cœur joie, avec un T-shirt moche, imprimé spécialement pour l'occasion, "Licks Parisiennes", les neuf dates précédentes de 1964 à 1995 dans ce même lieu étant soigneusement inscrites en bleu-blanc-rouge. En bons gogos que nous sommes, nous nous précipitons acheter l'objet ! Course vers l'orchestre, pas si bondé que ça. Beaucoup de copains sont déjà là, nous nous retrouvons finalement autour d'un verre au bar. Les VIP sont de sortie, Louis Bertignac, Mireille Darc, Ramzy, la belle Lou Doillon, Marc Lavoine, et bien d'autres encore remplissent la mezzanine. Le groupe anglais The Burn, pour ma part totalement inconnu, officie en première partie, mais on y fait peu attention, préférant parler des shows de Bercy et du SDF et comparer nos impressions entre amis. Une surface d'environ vingt mètres carré dans le fond de l'orchestre est inaccessible au public car réservée aux caméras fixes et techniciens. Le concert est filmé pour un futur DVD. Il est 21h, The Burn quitte la scène après trente-cinq minutes de dur labeur, et la bande son que l'on connaît maintenant par cœur, celle-là même qui passe et repasse depuis Munich avant l'entrée des Stones, se fait entendre ; c'est bon, dans trois quarts d'heure, ils seront là. Patience… 21h45, rien ne se passe, le public hurle, les spectateurs sont chauds, l'audience est acquise, mais cette satanée bande son défile toujours, les Black Crowes, les White Stripes, toujours rien… Et à 22h, Michael Cohl annonce "Mesdames et Messieurs, les Rolling Stones !", c'est la folie, la mezzanine est debout, l'orchestre saute, Keith arrive, tout sourire, et lance le riff de Start Me Up. Je reste un peu dubitatif, ce titre n'étant pas, à mes yeux, exceptionnel pour un club, mais la puissance dégagée par le groupe dès le début me fait revenir sur ma pensée. La version est parfaite, Jagger est en pleine forme, la foule tape des mains en chantant le refrain. Enchaînement rapide avec Live With Me, l'intro est plantée par Keith, c'est dommage, car le reste est juste, avec un très bon solo de Bobby Keys. On ressent fortement la concentration dont les musiciens font preuve, la pression est là, le show est filmé, rappelons-le. Mick s'adresse maintenant aux spectateurs, précisant que la semaine passée à Paris fût très bonne, fêtes et rock'n'roll au rendez-vous. C'est reparti, avec Neighbours. A vrai dire, on s'en fout des voisins ! Côté service d'ordre, la chasse aux flashs est ouverte : trois molosses dignes de ce nom circulent, armés d'un talkie-walkie, à la recherche du moindre appareil photos, car les coups de flashes sur les musiciens, ça ferait tâche sur le futur DVD. Tout resquilleur est tantôt expulsé manu militari, tantôt invité à se rendre à la consigne, dans les deux cas, pellicules ou puces numériques confisquées. Côté scène, Mick annonce la couleur : voici venus les titres "moins connus". "Le problème, dit-il, c'est que nous aussi on les connaît moins…". Rires dans la salle ! La première surprise est Hand Of Fate, mais Ronnie n'est pas tout à fait dedans, et ça flotte pas mal. Peu importe, on aime ça. Jagger chante terriblement juste, il faut dire qu'ici, il n'a que ça à faire, et pas à courir des centaines de mètres pour saluer les spectateurs. Ronnie attrape sa lap steel et Keith démarre No Expectations, sous le regard orageux de Mick ; c'est lui qui aurait dû commencer le morceau, avec sa guitare acoustique. Keith hausse les épaules et continue sans se soucier de quoi que se soit, et franchement, cela ne nous dérange pas. Wood est formidable, le morceau est joué à la perfection. Un grand moment arrive, Mick se place derrière un clavier, et frappe les notes de Worried About You, sous les cris de joie de la foule. C'est magique, je reste bouche-bée. Jagger a pris sa voix de fausset, les guitares sont magnifiques, version originale respectée, mission accomplie. Il hurle les "baaaby", à s'en user les cordes vocales. On a à peine le temps de s'en remettre qu'ils enchaînent avec Doo Doo Doo Doo Doo, pour la deuxième fois sur ce tour, après un semi-raté à l'Olympiahalle de Munich. Ici, rien à dire, sauf… bravo les gars. Suit It's Only Rock'N'Roll, qui, comme à l'accoutumé, est une partie de détente pour les Stones. Ce morceau, ils le connaissent par cœur. Hommage… Mick sent une présence… celle des fantômes de Jacques Brel, de Charles Trenet et d'Edith Piaf. Vous êtes ici chez eux, Mick, et vous le savez bien. Voilà alors un highlight de cette soirée, j'en ai la chaire de poule : Stray Cat Blues. C'est phénoménal, Mick chante et hurle, les guitares s'entremêlent, la basse de Darryl suit son chemin. Du très grand art. Du mal aimé "Emotional Rescue", voici Dance (part 1), le type de chanson que j'appréhendais au possible, presqu'au même titre qu'un Miss You. Mais le morceau prend ici toute son ampleur, c'est funky à souhait et le final façon jam est aussi surprenant que réussi. Percussions, sifflets, chœurs, Charlie breake, les cuivres brillent, seule la toute fin est un peu bancale, on leur pardonne. Everybody Needs Somebody To Love, façon Blues Brothers, ensoleille le music-hall, c'est reparti comme en 1965 ! J'imagine un instant ceux qui, présents dans la salle ce soir, étaient déjà là il y a 38 ans, et ont entendu ce titre, avec Brian… de quoi pleurer. L'Olympia danse et chante. Encore quelque chose de fort, l'interprétation de That's How Strong My Love Is. Mais comment fait-il ? Mick est exceptionnel, il n'y a pas d'autre mot pour qualifier son chant, juste, dosé, accompagné par le reste de la bande, tout aussi performante. Il délaisse son micro pendant un instant et c'est "a capela" qu'il fait vibrer la salle toute entière. Fausse fin, ça redémarre de plus belle, nous sommes comblés. Encore une reprise, Smokey Robinson à l'honneur, avec Going To A Go Go, façon tournée 1981. Cela permet de se relâcher et de souffler un peu après ce que l'on vient de vivre. Voilà déjà la présentation du groupe, en français s'il vous plaît. "A la banane, Ronnie Wood !", fait rire les spectateurs, "On the drums, Charlie Watts !"… et depuis le temps que Mick le taquine, Charlie parle enfin au micro ! Ce n'est pas arrivé depuis… on ne sait même plus ! Il marmonne un "I would like to sing, but they won't let me" du plus bel effet. L'ovation est gigantesque. Retrait en coulisses pour notre chanteur, et Keith The Riff s'approprie l'audience, pour chanter "something new" : The Nearness Of You. On n'en croit pas nos oreilles ! Après Munich, voilà qu'il retente le coup. Si ça c'est pas prendre des risques… La ballade est superbe et c'est totalement inhabituel d'entendre Keith chanter un morceau qu'il n'a pas enregistré auparavant. Sa récompense : il a le droit de décompresser avec Before They Make Me Run, un classique Richardien qui, ma foi, n'a rien d'hasardeux. Jagger a eu le temps de se changer et de se reposer. Love Train est de retour. Le titre des O'Jays abandonné depuis la tournée américaine 2002 est très bien accueilli, ça groove, et il aurait été dommage de laisser définitivement ce morceau aux oubliettes. Fausse fin, reprise du refrain et applaudissements. "Are you feeling goood ?", "Yeeeaah !". Respectable nous scotche, solo de guitares à l'appui. On sort maintenant la grosse artillerie, Rip This Joint, de quoi réveiller les morts, le beat de Charlie nous rend dingue, on ne peut s'empêcher de taper dans les mains. Les classiques arrivent, la fin est proche, Honky Tonk Women, Tumbling Dice et Brown Sugar nous achèvent… si connues, mais si bien jouées. "Merci bien, bonsoir tout le monde !", bravo, et ils s'en vont aussi vite qu'ils sont arrivés. On le sait, c'est déjà terminé, encore un titre et on est bon pour aller se coucher, la tête dans les nuages, pour plusieurs jours. Le riff de Jumpin' Jack Flash retentit, Jagger s'égosille, nous aussi, et Keith pose de plus belle. Cinq minutes plus tard, les lumières se rallument, c'est fini. On se regarde, transpirants, ébahis, le mal est fait, on en veut encore. Puis on quitte la salle, avec l'aide délicate et sous l'œil attentif des gars de la sécurité. La mezzanine est une étuve, les VIP en sortent trempés de la tête aux pieds.
En 1995, l'événement était simplement le passage des Stones à l'Olympia, la setlist importait peu. Ce soir, le concert était l'événement, et le meilleur que j'ai jamais vu.
David Tillier

Photo:

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(Photo: Yahoo)