07/07/03 - Bercy - Paris, France

Set List:

Street Fighting Man
It's Only Rock'n Roll
If You Can't Rock Me
Don't Stop
Rocks Off
Love In Vain
Live With Me
Monkey Man
Midnight Rambler
Tumbling Dice
Thru And Thru
Happy
Start Me Up
Can't You Hear Me Knocking
Jumpin' Jack Flash
Mannish Boy (B-Stage)
You Got Me Rocking (B-Stage)
Brown Sugar (B-Stage)
Satisfaction

licks070703

Report:

Début d'une folle semaine ce soir : au moins deux - trois pour les plus vernis - concerts des Stones et la soirée organisée par le Club à l'Hôtel du Nord, que demander de plus ? Que les Stones soient Grands, bien sûr... Et ce soir, dans un POPB rarement aussi plein, ils l'ont été.
N'ayant plus la force de mes vingt ans pour endurer l'attente interminable debout dans la fosse, j'avais pris trois places tribunes pour en offrir deux à ma s¦ur et à ma... Maman (si si...) qui était ravie de découvrir à la fois Bercy et les Stones sur scène. Après toutes ces années passées à les entendre sur la chaîne de son salon, il était temps qu'elle constate sur pièce de quoi il retourne. Petite précision: ma Maman est (bien) plus jeune que Mick Jagger. On arrive tranquillement vers 20h et on rejoint nos places situées à mi-hauteur juste en face de le petite scène, côté Wood. Pas trop mal. Les Stereophonics démarrent leur set dans un horrible fracas, probablement dû à une sono mal adaptée à leur musique. Résultat, des tympans perforés avant le début du show, pas cool... Maman fait la grimace. Le calvaire dure trois quart d'heure et lorsque la lumière revient, on ne cache pas notre soulagement. "Si c'est trop fort, c'est que vous êtes trop vieux" dit l'adage. De quoi laisser songeur. L'attente qui suit est mise à profit pour se détendre et se préparer à l'événement : on espère que la set-list ne sera pas trop classique et que, surtout, les papys seront concentrés sur ce qu'ils sont venus faire. 21h40, le noir se fait, la sono vibre, et le riff attendu de Street Fighting Man déboule plein pot, immédiatement suivi de son géniteur, le Riffman en personne. Les deux premiers morceaux se font sans écran et Maman s'en inquiète d'ailleurs, parce qu'on est un peu loin quand même pour tout bien voir. Je la rassure : en fan appliqué, je sais que les panneaux amovibles vont bientôt se dérouler, ce qui se produit sur un If You Can't Rock Me qui, au même titre que le It's Only Rock'N'Roll précédent, ne présageait rien de bon. L'approximation règne d'autant plus que ce morceau, ils ne le connaissent visiblement toujours pas bien. Mais bon, personnellement, c'est la première fois que je les vois le jouer pour de vrai là devant moi, et cela suffit à mon bonheur immédiat. Don't Stop, titre apparemment controversé, est un single efficace sur scène, beaucoup plus que ne l'ont été en leur temps Love Is Strong et Anybody Seen My Baby, qui étaient pourtant de bien meilleurs morceaux en studio. Comme quoi... La caméra embarquée sur la guitare de Ronnie fait son petit effet, c'est toujours amusant et je m'étonne même que le Zouave ne s'en serve pas plus que cela. Mick a certainement dû le brider. Rocks Off ensuite, plutôt pas mal, le niveau remonte, même si Jagger a toujours beaucoup de mal à placer convenablement sa voix par endroit. Les ch¦urs font d'ailleurs leur entrée sur scène avec les cuivres sur ce titre, alors qu'on les entendait de backstage avant cela. La pochette de "Let It Bleed" apparaît sur l'écran, on apporte un tabouret à Ron Wood qui s'installe avec sa lap steel. Lorsque Love In Vain démarre, Ronnie ne peut s'empêcher de faire un tour de tabouret tout en jouant. Aussi, pourquoi lui a-t-on filé un siège qui tourne, franchement ? Allez Ronnie, arrête tes pitreries et concentre-toi ! Il nous entend et s'applique à ne pas produire ces affreux sons dans les aigus. Son slide reste le plus possible sur le manche et ne s'aventure que très peu sur les micros. Une bien jolie version... Live With Me et Monkey Man s'enchaînent bien, tout le monde est à peu près en place et j'avoue être impressionné. Je ne m'attendais plus à voir un jour les Stones retrouver ce (bon) niveau. Vient l'heure du Rôdeur de minuit qui déchire Bercy de son riff tranchant. Keith emmène tout le monde dans des contrées inexplorées. Avant le passage lent, Charlie s'arrête, Darryl aussi, mais pas le Riffeur qui repart de plus belle, un peu seul au début mais vite rejoint pas sa bande. Quel beau bordel ! La chaire de poule pointe le bout de son bec sur nos petits bras poilus. Mick semble boosté par le groupe, ce qui n'arrive pas si souvent, pas d'aussi belle façon. Il fait crier le public, comme au bon vieux temps, et le morceau se termine en apocalypse diluvienne d'électricité. On redescend pendant l'inusable Tumbling Dice, puis vient le moment de la présentation des musiciens. Charlie est invité à dire un mot au micro que lui tend son chanteur, mais il décline poliment sous les vivas de la foule. Lorsque Keith s'empare du devant de la scène, Maman s'étonne de le voir à cette place et de la disparition de Mick Jagger. Il faut tout leur expliquer, à ces débutantes... Le set de Keith, on ne le regrettera pas. Un exceptionnel Thru And Thru, avec la batterie bien en place et la voix cassée mais toujours juste du Riffeur qui cingle l'air moite du POPB. L'émotion est palpable, tout en retenue et en nuance. Un très grand moment. Happy apporte le contraste nécessaire pour repartir de plus belle sur Start Me Up. Maman est soulagée de voir revenir ce diablotin de chanteur qui est décidément dans une forme époustouflante. Je ne me souviens pas lui avoir vu un tel ressort en 95, même à l'Olympia, et encore moins en 98. Arrive enfin LE morceau que j'attendais, un des premiers des Stones pour lequel j'ai craqué sans réserve, Can't You Hear Me Knocking. Que dire ? L'appréhension au ventre, presque comme si c'était moi qui jouais ce satané boogie latino là, sur cette scène, devant tous ces gens, je crains la fausse note, la faute de carre, le dérapage mal contrôlé. Après tout, ils ont tranquillement, et impunément - ce qui est plus grave - massacré Moonlight Mile il n'y a pas si longtemps. Mais cette fois, la Force est avec eux. Et ils sont concentrés ! Comme quoi, il n'y a pas de mystère: que l'on s'appelle The Rolling Stones ou Jo Et Ses Loulous Du Dimanche mariages bar-mitzvah, il faut rester con-cen-tré pour jouer bien. Can't You Hear Me Knocking ! Quel grand morceau, taillé pour la scène, qui aurait pu être un classique de leur répertoire scénique depuis si longtemps, au même titre que Midnight Rambler ou Sympathy For The Devil (on n'ose imaginer une version avec Taylor). Mais justement, soyons honnêtes et rendons gloire à ce bon vieux Woody Woodpecker. Lui aussi, quand il se concentre et qu'il est à jeun, il s'en sort plutôt mieux que bien. Et son solo est propre, parfois même inspiré, bref, on fait plus que s'en contenter, on s'en délecte. Keith assure sa rythmique sans fioriture, carré juste comme il faut. Il n'est jamais meilleur que quand il ne part pas dans un solo inutile alors qu'il est censé faire la pompe. Mick ajoute un solo d'harmonica bien senti, juste après l'explosion Bobby Keys. Le vieux Bobby est parfait, reproduisant à la note sa partie de sax. C'est la fin du morceau, et cela aurait tout aussi bien pu être la fin du concert en ce qui me concerne. Mais déjà Jack saute comme un éclair, et comme d'habitude, c'est d'la bombe ! Puis direction cette petite scène, îlot dans la fosse juste devant nous. Tapage de mains sur le pont et Mannish Boy en ouverture. On est où là, au Mocambo ? Une nouvelle fois, on a l'éclatante démonstration que les Stones sont un putain de groupe de blues. D'ailleurs, You Got Me Rocking sera raté après cela, approximatif. Le son est parfait, les baffles principales se sont éteintes au profit d'un jeu au-dessus de la B-stage. Brown Sugar sonne la fin. Les Stones quittent la petite scène par un couloir réservé dans la fosse pour réapparaîtrent sur la grande, Keith en tête armé d'une Telecaster rose fluo qu'il sort pour Satisfaction. Maman danse et chante. Elle est ravie. Et moi aussi. Pas parce que je vois les Stones jouer Satisfaction pour la énième fois. Parce que j'ai enfin vu les Stones jouer bien, des morceaux moins convenus, dans une salle à peu près humaine. J'étais à l'Olympia en 1995. C'était un grand moment. Mais la performance de ce soir le surclasse largement. Après cela, je peux ne plus voir les Stones et rester sur mes souvenirs.
David Stein

Photo:

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(Scan: Rocks Off - Photo: Rollingstones.com)